L’invention du papier vélin au 18ème siècle (1ère partie)

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L’invention du papier vélin au 18ème siècle (1ère partie)

L’invention du papier vélin au 18ème siècle : d’abord fut le papier vergé

Le papier vergé est un papier qui laisse apercevoir par transparence de fines lignes parallèles horizontales dans l’épaisseur du papier. Elles sont laissées par les vergeures et les fils de chaîne qui sont les fils en métal qui forment le tamis avec lequel est fabriqué le papier. En outre, peut-être ajoutée une forme métallique particulière, le filigrane, dessin signature conçu par le moulin qui fabrique le papier pour affirmer son origine. Le vergé serait la technique de construction la plus ancienne, et remonterait au moins au 13ème siècle en Italie.

Exemple de papier vergé vu en transparence avec pontuseaux

Exemple de papier vergé vu en transparence avec pontuseaux

Utilisé jusqu’au début du 19e siècle le papier vergé commence à être remplacé à la fin du 18ème siècle par un autre type de papier, appelé le papier vélin.

D’un grain soyeux, le papier vélin tire son nom de sa ressemblance avec les parchemins de luxe fabriqués avec de la peau de veau mort-né (le vélin). Lisse et uni, il ne présente pas les vergeures et fils de chaîne du papier vergé.

John Baskerville (1706-1775)

L’histoire du papier vélin commence avec l’anglais John Baskerville (1706-1775).

https://www.britishmuseum.org/collection/term/BIOG83988

Après avoir exercé plusieurs métiers, John Baskerville arrive à Birmingham en 1725. Il est maître d’école puis graveur d’inscriptions funéraires, fabricant de meubles laqués, puis, ayant fait fortune, il se tourne vers sa passion, la calligraphie, et commence à s’intéresser de près à la typographie. Il ouvre sa propre imprimerie à Birmingham vers 1750. Il passe beaucoup de temps et d’argent pour améliorer les caractères d’imprimerie, et il est lui-même le dessinateur, le graveur et le fondeur de ceux qu’il emploie.

Perfectionniste, Baskerville crée la famille typographique des Réales : le Baskerville (1752). Considéré comme un caractère de transition, le Baskerville est une police inspirée du rococo qui se situe entre le vieux Caslon, le Bodoni et le Garamond, d’un point de vue historique et typographique. Dit autrement, cette famille typographique se présente comme une évolution de la Caslon, une police à empattements, créée par William Caslon au XVIIIème siècle.

Le typographe anglais William Caslon (1692-1766) « commence sa vie professionnelle en gravant des fûts de canons et des armes de chasse. C'est en voulant perfectionner sa technique qu'il pratiqua la fonte des métaux et s'intéressa alors à la fonte des caractères. Plusieurs personnalités de la Cour lui ayant accordé leur protection, Caslon créa la première fonderie de caractères, permettant ainsi à l'Angleterre d'échapper en ce domaine à la dépendance hollandaise. Caslon s'inspira d'abord des modèles elzéviriens puis, en 1734, donna ses caractères romains — qui devaient servir en 1776 à imprimer la Déclaration d'indépendance américaine — et italiques de quatorze tailles différentes. » (Source : Michel MARION, « CASLON WILLIAM - (1692-1766) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 2 février 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/william-caslon/)https://www.universalis.fr/encyclopedie/william-caslon/

L’apport de James Whatman (1702-1759)

Désirant donner à ses caractères d’imprimerie le meilleur support possible, Baskerville procède en deux temps : il contribue tout d’abord à améliorer la texture des encres d’imprimerie, leur donnant un aspect noir intense et surtout, il collabore avec le fabricant de papier James Whatman (1702-1759) afin d’obtenir un papier différent du papier vergé, un papier plus surfacé, mieux adapté aux nouveaux caractères d’imprimerie plus légers et plus fins.

Whatman qui apprend son métier du fabricant de papier Lubertus van Gerrevink (16..-1731) utilise une fois les initiales ‘L. V. G.’ dans son papier, probablement en l’honneur de son maitre. Travaillant avec Baskerville, il est le premier fabricant de papier à créer du papier vélin. Certains attribuent à Baskerville le mérite de l’invention du papier vélin. La controverse dure longtemps mais il est maintenant admis que c’est Whatman, en association avec Baskerville, qui invente et développe avec lui, le papier vélin et ce, entre 1754 et 1757.

1757 : naissance du premier spécimen de papier vélin (sans pontuseaux)

Le premier spécimen de papier vélin est utilisé par Baskerville pour éditer sa fameuse édition de Virgile, en 1757. Le papier vélin est produit à partir d’une machine à papier à treillis métalliques extrêmement fins. Seulement une partie du livre est imprimée sur du vélin (28 pages), le reste étant imprimé sur du papier vergé. Il met au point des caractères d’une grande élégance, gravés par John Handy, graveur de poinçons typographiques, et dont le dessin accentue les pleins et les déliés. Outre ses innovations typographiques et l’usage du premier papier vélin, dès cette première impression, Baskerville fait usage de son procédé de lissage des feuilles. Baskerville aurait été jusqu’à faire lustrer au fer à repasser les feuilles de papier avant impression pour donner à ses éditions un aspect de perfection jamais vu jusqu’alors.

Le Virgile est suivi de l’édition d’autres classiques latins et de textes classiques de la littérature anglaise jusqu’en 1758, année où Baskerville est promu imprimeur de l’université de Cambridge. Il y édite notamment une magnifique bible en 1763.

Fin de la 1ère partie de l’article ‘L’invention du papier vélin au 18ème siècle’

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